La cimenterie d’Uriage

Louis de Saint-Ferriol, propriétaire du château d’Uriage durant une grande partie du XIXe siècle, fut un châtelain très investi dans la vie civique de ses deux communes iséroises de prédilection: Virieu et Saint-Martin-d’Uriage.

Depuis les années 1830, le siècle est en pleine redécouverte des possibilités du ciment. L’ingénieur Louis Vicat, isérois d’adoption, sera ainsi le précurseur historique d’une revitalisation des procédés de construction par le ciment puis, plus tard, le béton1.

À Uriage Louis de Saint-Ferriol décida, en 1860, d’exploiter une carrière de calcaire qui était située sur un de ses terrains du ravin du Désert — près du ruisseau du même nom et au pied du château. Nous sommes alors « seulement » quatorze ans après la création de la première usine moderne de ciments, à Boulogne-sur-Mer (18462).

Alors que l’utilisation de ciments se diversifie en cette deuxième moitié du XIXe siècle, la production nationale peine à suivre la demande. Ainsi, dans le contexte de la construction et de l’expansion du quartier thermal d’Uriage, produire son ciment sur place – et quel ciment !* – relevait d’un privilège quasiment suranné en ce siècle industrieux et bourgeois.

C’est donc au pied du rocher du château, dans le pli ombragé du ravin du Désert que se construit la petite usine d’Uriage, alimentée en énergie par une chute d’eau conduite d’environ 80 mètres, bâtie par l’entreprise Joya de Vizille. Cette chute actionnait une turbine Fourneyron.

En 1869 l’usine est construite et le comte Louis de Saint-Ferriol en accorde l’exploitation à la société Vicat.

En 1903, Gabriel de Saint-Ferriol accorde l’exploitation à l’entreprise uriageoise Murienne père et fils3.

*Le ciment qui en était fabriqué était de couleur rose, « à prise semi-lente » et était capable de résister aux eaux « sulfureuses ». Cette qualité, alors unique, le fit utiliser pour cimenter et jointer les canalisations des thermes de la station thermale, ainsi que dans la construction et l’entretien de nombreux bâtiments d’Uriage4.

Le bâtiment principal de la cimenterie, vers le milieu du XXe siècle.
Photo: domaine public / collection Association pour la Sauvegarde et la Mise en valeur du patrimoine de Saint-Martin d’Uriage.
Vue générale de la buanderie, de la cimenterie et du château au début du XXe siècle.
Photo: domaine public / collection Association pour la Sauvegarde et la Mise en valeur du patrimoine de Saint-Martin d’Uriage.

Texte sous licence libre CC0

Sauf mention spéciale, images libres de droits


Références:

  1. Histoire du ciment, sur www.infociments.fr
  2. Cimbéton, Les constituants des bétons et des mortiers, Collection technique Cimbéton, tome 1. [Lire en ligne]
  3. Sous-secrétariat d’État de l’artillerie et des munitions (France), Bulletin des usines de guerre, 1918, p.125. [Lire en ligne]
  4. G. Murienne et al., Le château d’Uriage. 1000 ans d’histoire, Chapõ Public Editions (2006)

Remerciements: Marie-Jo Chaléat et Charles Payet, Association pour la Sauvegarde et la Mise en valeur du patrimoine historique de Saint-Martin d’Uriage.

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