Le Domaine de Vizille : parc et château

Le château de Vizille, son parc et son canal (Pierre Bona, CC BY-SA 3.0 via Wikimedia Commons)

Idée de sortie familiale en toute saison : le château de Vizille avec son parc constitue l’un des plus beaux domaines de l’Isère. Il fut aussi le berceau de la Révolution Française.

Aux portes de Grenoble et du Massif de l’Oisans, sur la très célèbre Route Napoléon, le Domaine départemental de Vizille réunit sur un même site un prestigieux patrimoine naturel et culturel. Il est ouvert au public toute l’année (sauf les mardis, et le 1er mai), accessible aux personnes à mobilité réduite, et gratuit. Le château, son parc, son mur d’enceinte et son moulin, sont classés au titre des Monuments Historiques.

Le parc du domaine de Vizille offre un cadre privilégié de détente et de découverte. Cent hectares de verdure s’étendent devant le château Renaissance qui abrite le Musée de la Révolution Française. Le parc se décline en de multiples ambiances, allant des jardins très architecturés, aux espaces plus champêtres jusqu’à la réserve animalière.
A noter : les cycles sont interdits à l’intérieur du parc.

Le château

Le château de Vizille (Bogdanmoisuc, CC BY-SA 3.0 via Wikimedia Commons)

Le château de Vizille fut édifié au début du XVIIe siècle par François de Bonne (1543-1626), duc de Lesdiguières, gouverneur du Dauphiné, compagnon d’armes de Henri IV et dernier connétable de France.

Portrait de François de Bonne, Duc de Lesdiguières

Le château est le joyau du parc de 100 hectares, terrain de chasse du duc. Un grand canal rectiligne de 800m de long et un jardin à la française où se dresse fièrement une statue d’Hercule Lesdiguières offrent une perspective raffinée au château.

Statue d’Hercule Lesdiguières dans le jardin à la française du parc de Vizille.
(Jvillafruela, CC BY-SA 3.0 via Wikimedia Commons)

Le 28 juin 1593, François de Bonne, duc de Lesdiguières, conseiller du roi en son conseil privé et d’Etat, capitaine de cent hommes d’armes et ses ordonnances, commandant en chef de l’armée de Piémont et Savoie, acquit aux commissaires préposés à l’aliénation du domaine royal « la châtellenie, mistralie et juridiction de Vizille » pour la somme de deux mille écus d’or. Il avait sans doute compris le rôle stratégique du lieu qui lui permettrait de contrôler la route des Alpes, celle d’Uriage et l’une des étapes incontournables vers la cité grenobloise.

Musée de la Révolution Française, Salle Lesdiguières, Vizille (Milky, CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons)

La configuration étonnante du château est en partie due à son implantation sur les ruines de l’édifice médiéval sur les flancs du verrou rocheux de Vizille. Sa position dominante sur les pentes du rocher, son vocabulaire architectural emprunté aux styles médiéval et Renaissance donnent un caractère presque militaire à l’édifice. Lesdiguières est avant tout un homme de guerre qui gouverne une province exposée à de  nombreux conflits.

La légende du mur d’enceinte

Le Duc de Lesdiguières, grand chasseur, souhaitait entourer son domaine d’un mur d’enceinte. Or, le coût d’une telle construction était exorbitant. Le Diable lui proposa de l’ériger « gratuitement ». Le duc de Lesdiguières flaira bien évidemment le piège et il mit une clause au pacte : le Diable aurait son âme à la condition de réussir à ériger ce mur en un temps record, il devait avoir terminé le mur en moins de temps qu’il n’en fallait à Lesdiguières pour faire le tour de son domaine à cheval, sinon il ne lui devrait rien. Le Diable, rusé et sûr de lui, accepta et confia la tâche à son folaton et sa troupe de diablotins. Le mur avançait à une vitesse extraordinaire, et malgré la vitesse non moins remarquable de son cheval, les deux extrémités allaient se rejoindre : tout semblait perdu… A la dernière seconde, le cheval du duc fit un bond prodigieux au-dessus du mur : la queue de l’animal resta prise dans le mur (tranchée d’un coup d’épée par le duc, on dit qu’on peut encore la voir aujourd’hui sous la forme d’une touffe d’herbe) mais le duc avait gagné son pari ! Le Diable, furieux, expédia son folaton d’un coup de pied sur une colline de la Matheysine où il le pétrifia, le dos rond, à quatre pattes, face contre terre… on peut aujourd’hui admirer la Pierre Percée, l’une des sept merveilles du Dauphiné. > lire l’article « La Route Napoléon – la Pierre Percée » Cette légende trouve probablement son origine dans le fait que les comptes de la construction du mur ont disparu…

Lesdiguières à cheval, fronton du château de Vizille (photo J.Patti)

Cette élégante demeure du duc de Lesdiguières, acquise par la famille Perier (1782-1895), et résidence des présidents de la République (1925-1960), enfin cédé au Conseil Général de l’Isère en 1973, abrite aujourd’hui le Musée de la Révolution Française.

Le château et son parc sont entrés dans l’histoire du cinéma : ils servirent de décor au film de Jean Cocteau « L’aigle à deux têtes » (1948). Pour ce tournage, Jean Cocteau bénéficia d’une autorisation spéciale de la Direction générale des Beaux-Arts : il transforma pour l’occasion le domaine en une résidence impériale autrichienne, les chaînes alpines figurant les montagnes du Tyrol.

L’une des perspectives utilisées dans le film de Jean Cocteau « L’Aigle à deux têtes » (1948), très reconnaissable dans la scène finale où la Reine salue ses troupes depuis le balcon. (Milky, CC BY-SA 3.0 via Wikimedia Commons)

Le parc

Cet espace de 100 hectares, protégé par un mur de 7 km qui témoigne de ce que fut jadis le terrain privé de chasse du duc de Lesdiguières, ponctué par un magnifique plan d’eau et de nombreux canaux, offre de larges possibilités de promenade familiale.
Le visiteur peut fouler les pelouses qui  bordent le canal, parcourir la forêt riche de multiples essences végétales et striée d’allées cavalières, avant de découvrir la roseraie et les parterres du jardin à la française qui jouxtent le château.

Outre le grand canal de 800m de long et ses canaux annexes, alimentés par des sources, peuplés de truites et d’énormes carpes et où évoluent cygnes, canards et Bernaches, le parc de Vizille abrite des arbres remarquables et rares (le jardin est classé « Jardin remarquable de France ») et une prairie de 60 hectares où se promènent des hardes de cerfs élaphe et Sika, et de daims. Des enclos permettent d’approcher les animaux de la ferme et trois paons bleus. Le parc abrite aussi la Maison de l’Apiculture.

Le parc paysager est composé de jardins réguliers et d’allées cavalières articulés autour du grand canal, pièce ornementale maîtresse de cette partie du domaine. L’ampleur du parc, les grandes perspectives, les canaux, les allées  cavalières plantées en mails, les alignements d’arbres séculaires et le  mur d’enceinte font référence aux jardins de l’époque baroque. Les parterres réguliers sont des jardins ordonnés et hiérarchisés constitués de rosiers, buis et ifs. Ils utilisent le vocabulaire typique des jardins de la Renaissance française : broderies, compositions florales simples, labyrinthes. Les cascades situées à l’extrémité du grand canal se rapportent aux chutes d’eau des jardins de la Renaissance italienne.

Bosquets d’arbres ornementaux et d’arbres de production, composent la palette végétale du parc contemporain et illustrent la double vocation ornementale et productive du parc du temps de la famille Perier. L’État qui devient propriétaire du domaine en 1925, poursuit l’aménagement des jardins en les agrémentant d’une roseraie et de bosquets fleuris. En 1972, l’aménagement de l’aire de jeu pour enfants et du parc de sculptures symbolise le passage du parc privé au parc public.

L’aménagement du parvis du musée en 2004 correspond aux dernières modifications majeures du parc. Il est composé d’une vaste esplanade, de parterres réguliers fleuris qui représentent les trois bandeaux colorés du drapeau français ainsi que d’une salle de verdure symbolisant l’ancienne salle du Jeu de Paume où s’est tenue l’Assemblée des Etats Généraux du Dauphiné en 1788.

Le parc champêtre se rapproche du style des jardins à l’anglaise.

La réserve animalière, créée en 1978, rappelle l’ancien domaine de chasse du temps du duc de Lesdiguières.

> activités possibles : Geocaching et Course d’Orientation (pour cette dernière, s’adresser à l’accueil du Musée).

Le Musée de la Révolution Française

À la suite de la journée des Tuiles, en 1788, le château de Vizille a reçu l’Assemblée des Etats Généraux du Dauphiné dans sa salle du jeu de Paume (aujourd’hui symbolisée par une structure végétalisée). Il abrite donc naturellement le Musée de la Révolution Française (gratuit !) qui propose de redécouvrir cette période charnière de notre Histoire nationale au cours d’une visite mêlant Art et Histoire, à travers des œuvres de toutes époques.

Assemblée des Trois-Ordres du Dauphiné 1788, par A. Debelle, musée de la Révolution Française, Vizille

> Lire : « Vizille, berceau de la Révolution Française, et son musée »

Sources : Cet article cite librement des extraits des articles

– « XVIIe siècle, genèse du domaine sous Lesdiguières » du Domaine de Vizille

– « Parc du Domaine de Vizille » sur le site du Comité des Parcs et Jardins de France

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