Le 14 juillet… ou plutôt le 21 : retour sur l’engagement révolutionnaire du seigneur d’Uriage

A l’occasion de la fête nationale, nous souhaitons évoquer les heures révolutionnaires du château d’Uriage. En 1788, les prémices de la Révolution agitent le Dauphiné ; le château d’Uriage est la propriété du marquis Nicolas-François de Langon, qui devient député de la Noblesse aux Etats Généraux. Il se rangera pourtant aux côtés du Tiers-Etat.

De l’origine de la famille de Langon et de son accession à la baronnie d’Uriage

La famille de Langon, originaire de Guyenne, est de noblesse d’épée : elle fait carrière dans l’armée et plusieurs de ses fils furent Chevaliers de l’Ordre de Malte. Perrot de Langon s’installa en Dauphiné au XIIIe siècle à son retour de croisade. Il était au service du Dauphin Jean Ier puis de son successeur Humbert Ier : ce dernier lui fit don d’un « grand contenu » dans le mandement de sa terre et château de Montrigaud dans la Drôme en 1289.

En 1659, François de Langon épouse Thérèse Boffin et entre ainsi en possession de la baronnie et du château d’Uriage.

Nicolas-François de Langon, leur arrière-petit-fils, est certainement le membre le plus éminent de cette dynastie.
Portrait du député Nicolas-François de Langon (catalogue de l’Assemblée Nationale)

Né à Grenoble, rue Créqui (aujourd’hui rue de la Poste) dans l’hôtel particulier de ses parents, le 5 mars 1742, il commence sa carrière militaire dès l’âge de 15 ans : tout d’abord membre des Chevaux-liges de la Garde du Roi en 1757, puis Cornette du Régiment de Marcieu en 1761, capitaine du Régiment de Dauphin Cavalerie en 1762, officier des Gardes du Corps du Roi dans la Compagnie Luxembourg en 1768, sous-lieutenant (1776), lieutenant (1782), brigadier (1784) et enfin maréchal de camp le 9 mars 1788.

La même année, les prémices de la Révolution Française agitent le Dauphiné (> lire « Vizille, berceau de la Révolution Française ») : Nicolas-François de Langon décide de s’impliquer dans la vie politique.

La noblesse grenobloise députe le maréchal de camp et des armées de Langon aux Etats Généraux de Romans, puis il participe à l’Assemblée des Trois Ordres du Dauphiné à Vizille le 21 juillet 1788 et ensuite aux Etats Généraux de Versailles, aux côtés des avocats députés du Tiers Jean-Joseph Mounier et Antoine Barnave.

> Lire l’intégralité de notre article « Nicolas-François de Langon, député aux Etats Généraux« 

Nicolas-François de Langon apparaît sur le tableau d’Alexandre Debelle (1805-1897) exposé au musée de la Révolution Française à Vizille :

Assemblée des Trois-Ordres du Dauphiné 1788, par A. Debelle, musée de la Révolution Française, Vizille ~ Nicolas-François de Langon est représenté à droite, debout, la main sur son épée (personnage n° 48).

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En juin 1788, les parlementaires dauphinois chargés de présenter les doléances au Roi de France, Louis XVI, n’ayant rien obtenu des ministres parisiens, Grenoble se révolte.

Le 7 juin 1788, c’est la Journée des Tuiles, prémices des émeutes révolutionnaires. > Lire le récit de la journée .

Le 21 juillet 1788, 491 représentants des Trois Ordres du Dauphiné, parmi lesquels Mounier (député TE), Barnave (député TE) et Nicolas-François de Langon (seigneur d’Uriage, qui sera l’un des premiers Nobles à se ranger aux côtés du TE), se réunissent au Château de Vizille dans la salle du Jeu de Paume (aujourd’hui disparue et matérialisée par une architecture végétalisée).

L’assemblée ouvre à huit heures du matin le 21 juillet, à l’initiative des avocats Antoine Barnave et Jean-Joseph Mounier. Les représentants du Dauphiné appellent à refuser le paiement de l’impôt et demandent aux autres assemblées provinciales d’en faire autant. C’est la première manifestation de révolte contre l’autorité royale. L’assemblée réitère sa demande au roi Louis XVI au cours de cette réunion des états généraux du Dauphiné qui appellera aux états généraux de 1789 et sera la première à y réclamer le vote par tête, c’est-à-dire un vote par député, au lieu du vote par ordre (par lequel le Clergé et la Noblesse ont la majorité), ce qui revient à renverser le rapport de force en donnant une prépondérance au Tiers-Etat.

L’Assemblée de Vizille racontée par « Les Fêtes Révolutionnaires »

> Lire l’intégralité de notre article « Vizille, berceau de la Révolution Française »

Lors des Etats Généraux de Versailles, Nicolas-François de Langon et une minorité de Nobles, les « 47 » * dont 8 membres dauphinois sur 8, se joignent au Tiers-Etat, entraînant ainsi la transformation des Etats Généraux en Assemblée constituante.

* Les « 47 » sont des députés de la Noblesse aux États Généraux de Versailles de 1789 qui, le 25 juin, après 149 députés du Clergé, ont rallié le Tiers-Etat, entraînant la transformation des États Généraux en Assemblée constituante.

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> Lire nos articles « Une journée avec Monsieur de Langon, baron d’Uriage » (en deux parties)

> Découvrir le quotidien au château d’Uriage au XVIIIe siècle : « Une journée avec Monsieur de Langon, baron d’Uriage » 2/2

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Sources :

Un avis sur « Le 14 juillet… ou plutôt le 21 : retour sur l’engagement révolutionnaire du seigneur d’Uriage »

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