Les uriageois du XXIe siècle l’ignorent pour la plupart, mais leur commune fut un des premiers lieux en France à accueillir un minaret… enfin presque.
En effet, même si celui-ci était un modèle réduit de ses cousins africains et orientaux, il y eut bien une copie de minaret turc à Uriage dès la fin du XIXe siècle1.
C’est un comte de Saint-Ferriol (probablement Louis) qui le fait construire dans la deuxième moitié du XIXe siècle. Il s’agit en réalité de la cheminée du restaurant du Cercle, voisin des Thermes et du Casino2.
C’est en souvenir du voyage du comte Louis de Saint-Ferriol autour de la méditerranée – notamment en Egypte et en Turquie – que cette « œuvre » est construite. À la même époque, la collection égyptologique du château d’Uriage ravie encore les touristes ou experts de passage. Le comte s’est sans doute inspiré des minarets stambouliotes pour imaginer un tel décor dans son complexe thermal.
L’orientalisme était, durant la seconde moitié du XIXe siècle et au début du XXe siècle, un phénomène de mode et il était alors de bon ton d’afficher sa connaissance personnelle d’un « orient » encore mystérieux. D’autant plus que parmi les plus belles pièces de l’égyptologie du XIXe siècle ornaient le cabinet de curiosités du château d’Uriage voisin.
Pendant la seconde guerre mondiale, l’emplacement abritait un hôpital militaire de campagne. Le restaurant et sa cheminée furent probablement détruits avec la transformation du Cercle en Casino moderne.
À Grenoble, la Casamaures est un reste visible (classé MH) de l’orientalisme qui toucha l’Isère en même temps que la passion pour les hiéroglyphes…
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Sources:
- Uriage (suite), photographie par Emile Duchemin, fin XIXe siècle – début XXe siècle. Bibliothèque de Grenoble, C.3.1 à C.3.30. [Voir en ligne]
- Paul Dreyfus, La vie quotidienne en Dauphiné: Sous la IIIe République, Hachette littérature. [Lire en ligne]
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