Une voisine discrète : la Chouette Hulotte

Voici l’automne. Dans la forêt environnant le Château d’Uriage, vont bientôt résonner les sérénades de la Chouette Hulotte… Commune mais discrète, elle reste généralement insoupçonnée. Partons à sa rencontre…

Chouette Hulotte. Photo Richard Lee, Unsplash

Précisons pour commencer que le Hibou n’est en aucun cas le mâle de la Chouette : ce sont bien deux espèces distinctes. La Chouette est toute en rondeur, le Hibou se distingue par ses aigrettes (des plumets qui lui dessinent de drôles d’oreilles, mais qui n’ont aucun rôle dans l’audition).

Chaque automne, le chant grave de la Chouette Hulotte (aussi appelée Chat Huant) résonne dans la forêt d’Uriage. Ce chant comprend les sons les plus bas et sourds du répertoire des oiseaux. Les basses fréquences ont l’avantage de se propager très loin malgré le couvert forestier et restent audibles à plus d’un kilomètre de distance.

Le plus rare « kwick » ou « kuwitt » de la femelle répond au « hou-hououou » bien connu du mâle. Chaque chouette est identifiable par son chant.

Le chant du mâle a deux fonctions : affirmer la domination sur son territoire et séduire sa compagne.

La Chouette Hulotte est monogame, fidèle et sédentaire. Le couple se reforme chaque année, après une période de parade où les Chouettes se séduisent comme si c’était la première fois…

Ses capacités d’adaptation sont spectaculaires : la Chouette Hulotte sait vivre presque partout (même près des Hommes) et elle mange de tout ! L’analyse de ses pelotes de réjection montre que son régime s’adapte à l’offre saisonnière… Elle n’a besoin que d’un territoire de chasse garni et d’une cavité où lover son nid. Elle s’accommode de milieux très divers, mais sa préférence va toutefois aux forêts de feuillus.

Chouette Hulotte. Photo Erik Karits, Unsplash

Il était une nuit…

Strix Aluco (Chouette Hulotte) est taillée pour la Nuit. Et pour la chasse…

La Chouette Hulotte est un oiseau robuste, mesurant généralement entre 37 et 43 cm de longueur pour une envergure de 81 à 105 cm et une masse de 420 à 590 g. Sous les plumes de ses pattes, la Chouette Hulotte cache des serres redoutables. Son bec est aussi affûté que celui d’un faucon.

Les plumes des rapaces nocturnes sont pourvues de silencieux, arme imparable du prédateur efficace. Un peigne aux dents ultra-fines découpe le bord de la plume sur le bord d’attaque de l’aile, de sorte que l’air passe au travers sans bruisser. Comparer le toucher rigide d’une plume de pigeon avec celui soyeux et velouté d’une plume de chouette permet de saisir toute cette différence. Les couleurs de son plumage lui confèrent un camouflage parfait.

Parfait camouflage. Photo Hans Veth, Unsplash

Les yeux de la Chouette Hulotte sont aussi gros que ceux d’un humain, et leur pupille peut s’élargir jusqu’à occuper toute l’ouverture disponible, d’où son regard sombre. Ainsi, le moindre rayon de lumière est capté et amplifié.

Les yeux de la Chouette Hulotte. Photo Kai Wenzel, Unsplash

La vision nocturne de la Hulotte est en dégradé de gris, mais avec une acuité très supérieure à la nôtre. Alors que certains y ont vu la marque du Mal (sa cousine, l’Effraie, fut même crucifiée aux portes des granges !), c’est cette capacité qui lui a valu d’être un symbole de Sagesse et de Clairvoyance depuis l’Antiquité : la fidèle compagne d’Athéna est une Chouette Chevêche…

Drachme athénienne
Statuette d’Athéna, Musée du Louvre. Photo (C) RMN-Grand Palais / Hervé Lewandowski

Contrairement à une idée répandue, la Chouette voit aussi très bien, et en couleurs, le jour.

Chouette en vol. Photo Erik Karits, Unsplash

Pas un son ne lui échappe : la Chouette localise infailliblement l’origine du moindre froissement ou grattement grâce à un subtil décalage de ses conduits auditifs. En outre, son disque facial agit comme une antenne amplificatrice qui redirige les sons vers ses oreilles.

Si elle règne en maître sur son territoire, elle reste néanmoins vulnérable et peut devenir la proie d’autres animaux, notamment celle de son cousin, le Hibou Grand Duc, qui possède les mêmes qualités mais est beaucoup plus imposant !

Hibou Grand Duc. Photo Sonder Quest, Unsplash

Une année dans une Chouette vie…

Automne : saison des amours… Le chant des mâles attirent les femelles, tout en indiquant aux jeunes de l’année les territoires déjà occupés. Caresses et offrandes sont de mises… puis vient le choix de l’emplacement du futur nid.

Hiver : survivre au froid… Si les proies sont nombreuses, certaines chouettes se risquent à pondre à Noël (stratégie payante si elle réussit car les jeunes bénéficient sans rivaux de la manne alimentaire printannière) mais la majorité attendra fin février pour nicher.

Printemps : saison nuptiale… Accouplements, ponte puis nourrissage. Si la première nichée échoue, une seconde peut avoir lieu en mai. La femelle adopte une stratégie de ponte décalée : les œufs sont pondus à environ deux jours d’intervalle afin de donner de meilleures chances de survie à chacun des poussins.

Eté : saison de tous les dangers… Les jeunes s’émancipent… avant de savoir voler ces gros poussins duveteux vagabondent sur le sol de la forêt et se cachent dans les buissons… proies faciles pour les prédateurs affamés… Les jeunes sont toutefois capables de grimper au tronc pour gagner une branche.

Chouettes juvéniles.

La Chouette Hulotte n’est pas la seule de sa famille à habiter nos forêts : partez à la rencontre de ses fascinants cousins, les Chouettes Effraie, Tengmalm, Chevêche et Chevêchette, ainsi que les Hiboux Grand, Moyen et Petit Ducs …

Toutes les espèces de rapaces diurnes et nocturnes sont protégées : il est interdit de les détenir ou transporter, même mort, sauf lors du transport autorisé chez un vétérinaire ou un centre de soin de la faune sauvage agréé.

Vous avez trouvé une chouette blessée ?

Suivez les conseils donnés sur le site de la LPO (Ligue de Protection des Oiseaux) et la fiche conseils LPO – Rapace nocturne juvénile en détresse

et contactez le centre de soins le plus proche :

le Tichodrome (Centre de Sauvegarde pour la Faune Sauvage en Isère) : 04 57 13 69 47

Auteur : Céline Garrel

Sources : revue La Salamandre numéro 201 « Aventures d’une noctambule »

Un grand merci aux généreux photographes qui ont partagé leurs clichés.

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Un grand merci pour sa relecture attentive à Jean-Marie MAGNIEN, fauconnier

  • Pour mieux connaître les rapaces, vous initier à la Fauconnerie ou faire un stage : Les Effaroucheurs du Ciel (48800 Villefort) Jean-Marie MAGNIEN, Tél : 06 64 03 16 17 / email : leseffaroucheursduciel@outlook.fr


Association Nationale des Fauconniers et des Autoursiers Français (ANFA)

2 commentaires sur « Une voisine discrète : la Chouette Hulotte »

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