La noblesse des Saint-Ferriol

1828. Avec le décès de la Marquise Madeleine-Françoise de Gauteron, propriétaire du château d’Uriage et dernière descendante des Langon, c’est son petit neveu Louis de Saint-Ferriol qui est propulsé héritier testamentaire.

Mais d’où vient la famille de Saint-Ferriol ? Par quelle noblesse a-t-elle acquis le privilège d’hériter d’un château féodal ?

Procession de la Ligue sur la place de Grève, Paris, v. 1590, anonyme. Image: Wikimedia Commons / domaine public.

Les Siboud de Sibeud sont une vieille famille de la noblesse dauphinoise. Originaire du Trièves, où les Alleman étiraient alors leurs possessions, Jean de Sibeud acheta en 1485 le fief de Saint-Ferriol en Diois. La terre donna depuis son nom à la famille.

1597, sous Henri IV.

Hercule Sibeud Saint-Ferriol, qui était alors lieutenant du gouverneur de la citadelle de Romans, s’illustre lors des affrontements contre la Ligue catholique (qui menace alors jusqu’au pouvoir royal).

Le duc de Savoie, qui n’est pas avare d’un coup contre le Dauphin, a sous ses ordres des troupes espagnoles destinées à soutenir le parti ultra-catholique des Guise. Il tient évidemment à s’emparer de la citadelle de Romans afin d’envahir la province. C’est alors à un jeu de corruption que va se livrer le puissant duc.

Il se sert du très catholique Charles de Simian d’Albigny (seigneur de Gordes, en Provence) pour corrompre le comte de La Roche, gouverneur de la citadelle. Ce dernier penchait déjà, pour des raisons politiques et personnelles, vers la trahison envers le pouvoir central de Paris et d’Henri IV. De son côté, d’Albigny promet à un quatrième (dénommé De Flotte) de lui procurer le gouvernement du Dauphiné une fois le coup porté. Les compères se persuadant mutuellement que la conquête était assurée.

Mais c’était sans compter sur l’intégrité du lieutenant Saint-Ferriol.

D’Albigny propose pourtant la rondelette somme de 20 000 écus à ce dernier pour encourager sa passivité devant cette trame savoyarde. Mais, étranger à cette intrigue, Saint-Ferriol repousse les honteuses propositions et rassemble autour de lui toutes les bonnes volontés parmi les habitants les plus notables de la cité, afin de faire échouer la conspiration. Il sera aidé dans cette tâche par le juge de la ville, M. Guérin, qui fut après coup anobli.

Les autorités locales (représentant les habitants de la cité) se réunirent, sur l’action de Saint-Ferriol; on leur rendit compte de la situation, de la corruption et de la trahison manifeste du gouverneur, qui avait cédé aux avances pécuniaires des comploteurs.

En tant que militaire, Saint-Ferriol fut, à l’issue de cette réunion, chargé de la défense de la ville. Il rassembla sur le champ toutes les forces dont il put disposer, sans espoir de renfort extérieur, et soutint pendant six jours le siège de la ville par les troupes savoyardes et espagnoles.

L’opiniâtreté et les efforts de Saint-Ferriol obligèrent le gouverneur de la Roche à négocier une trêve avec les forces loyalistes d’Henri IV. Une capitulation fut acceptée par le maréchal d’Ornano – fidèle du roi – et par les magistrats du parlement dauphinois. Le même jour, les alliés politiques Aymard de Virieu et Claude de Portes, conseillers, furent délégués pour prendre possession de la place.

L’année suivante, Saint-Ferriol fut nommé gouverneur de la ville de Romans par Henri IV, en récompense des services rendus au roi.

Il tint ses fonctions durant vingt ans, puis voulu les transmettre à son fils Alexandre de Saint-Ferriol. Il fit demander cette faveur à Louis XIII, par l’intermédiaire des consuls de la ville. Voici la réponse du roi :

Voulant vous donner le contentement et satisfaction que vous désirez en cela de nous, nous lui avons accordé la résignation de sondit gouvernement en faveur de sondit fils, encore que ce soit chose extraordinaire.

Par ces actes et bien d’autres, la famille de Saint-Ferriol prouve son attachement à la continuité du pouvoir royal en des périodes tourmentées, comme le faisait déjà le clan Alleman qui veilla sur Uriage avant elle.


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Bibliographie:

V. Cassien, A. Debelle, Album du Dauphiné, 1835-1839. https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k103536v/f140

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