Une histoire de vieux chêne

La baronnie d’Uriage et ses 280 hectares échurent en 1659, par mariage, à la famille Langon.

Les Langon en Dauphiné descendent d’un certain Perrot de Langon, cadet de Gascogne, qui était parmi les trois cent chevaliers qui accompagnèrent le (futur) roi Edouard Ier d’Angleterre à la huitième croisade (1270) – la Guyenne et la Gascogne étant à l’époque possessions anglaises inféodées au roi de France.

Lorsque les coéquipiers de la troupe de l’ancêtre Langon arrivèrent sur les côtes tunisiennes fin août 1270, ils apprirent la mort de Louis IX, dont dépendait la croisade, ce qui raccourcit considérablement leur mission en Orient. Ils se bornèrent à quelques faits d’armes locaux peu importants et, abandonnés à eux-mêmes et sans mission, cherchèrent fortune de tous les côtés de la méditerranée. Perrot de Langon débarqua en Provence puis, passant en Dauphiné, trouva du service auprès du dauphin Jean Ier. Après un riche mariage, une vaillance militaire indéniable et un certain savoir-faire politique, la famille sut s’élever aux premiers rangs des nobles du Dauphiné.

C’est donc Thérèse de Boffin, dernière héritière de sa famille, qui épousa l’héritier de Perrot, François de Langon en 1659, lui apportant en dot le château d’Uriage.

Mais alors que les Langon possédaient le domaine ils trouvèrent, dans le tronc d’un chêne multi-centenaire, le squelette d’un chevalier armé de toutes pièces et encore paré de son armure…

L’Histoire du château d’Uriage (croisée avec la source de « l’Album du Dauphiné » d’Alexandre Debelle, 1835) nous permet de deviner qu’il s’agirait d’un militaire du XIVe siècle, opposé à la famille Alleman dans une guerre féodale qui agitait alors toute la région jusqu’au Briançonnais. Ce squelette pourrait être un membre de la famille Aynard, ou un proche allié; ou encore un partisan des Bardonnenche – autres ennemis des Alleman – qui aurait été repoussé lors d’une attaque nocturne contre le châteaui.

Il aurait en tout cas été poursuivi par un membre de la famille Alleman. Voulant échapper aux coups de lances du défenseur, il se serait caché dans le tronc creux du vieil arbre par une ouverture supérieure. Enserré dans cet étau, le poids de son armure et l’absence de serviteurs pour l’en dégager l’empêcha de remonter par où il était descendu; il y trouva certainement une mort plus lente et plus affreuse que celle à laquelle il voulut se dérober.

À moins qu’il n’ait été oublié là volontairement après avoir été capturé… ce qui serait une surprise, vu la noblesse d’esprit que toutes les sources attribuent habituellement à la famille d’Uriage.

Les vieux chênes du château d’Uriage cachent-ils encore d’autres secrets ?…

Lire aussi: Les Seigneurs d’Uriage (1) : des origines au XVIIe siècle

Texte sous licence libre CC0

Sauf mention spéciale, images libres de droits


Source:

i A. Debelle, Album du Dauphiné, (1835) https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k103164w/f138.item

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